Le terme anglais « mindfulness » se traduit par « attention portée à l’autre », « être attentif », « concerné ». On dit que l’on est « mindful of someone », c’est-à-dire « attentif à quelqu’un », comme dans la phrase : « I’m mindful of my son, because he’s ill » (Je suis aux petits soins pour mon fils, car il est malade). On pourrait dire aussi : « We will be mindful of this in the future. », nous tiendrons compte de cela à l’avenir (nous y serons attentifs).
Le dictionnaire Collins donne cette définition du mot “mindfulness” :
1. The state or quality of being mindful
2. The practice of giving complete and non-judgmental attention to one’s present experience, used as a stress-reduction technique
Et voici la définition du mot “mindful” :
– If you are mindful of something, you think about it and consider it when taking action.
On voit que la technique de la Mindfulness est connue et identifiée, mais qu’elle vient en seconde définition du mot (puisque ce n’est qu’un nom commercial). L’usage habituel est l’attention portée à quelqu’un ou quelque chose.
John Kabat-Zinn a choisi le terme “Mindfulness” pour désigner sa pratique laïque de la méditation, inspirée du Bouddhisme.
Il explique que « Mindfulness is the practice of purposely bringing one’s attention to the present-moment experience without evaluation » : La pleine attention est la pratique qui consiste à porter intentionnellement son attention sur l’expérience du moment présent, sans évaluation.
Notez que John Kabat-Zinn n’utilise pas le terme « consciousness » (conscience). D’ailleurs, ce terme n’est présent que 5 fois sur la page Wikipedia anglaise de la Mindfulness, et jamais pour parler de la conscience (au sens qu’on lui donne en philosophie) mais pour dire que l’on est “conscient” de quelque chose ou d’un fait (on sait qu’il existe).
Mais alors, d’où vient cette traduction française de “pleine conscience” ?
Il suffit de lire des articles en français sur la Mindfulness pour constater la déviance : “mind state” (état d’esprit) est systématiquement traduit en français par “état de conscience”, tout comme “mindfulness” se retrouve transformé en “pleine conscience”… Ces choses n’existent pas dans la Mindfulness d’origine.
Porter son attention sur le moment présent
L’idée de la Mindfulness découlerait d’une règle de vie du Bouddhisme, « l’attention juste », qui stipule qu’il faut être « attentif au monde qui nous entoure, pas seulement pendant la méditation, mais dans notre vie quotidienne ».
C’est la 7ème règle de « l’Octuple Sentier » – à ne pas confondre avec la 8ème, « la concentration juste » qui, elle, correspond bien à la méditation. 1
Toutefois, l’attention juste du Bouddhisme (Sati) n’est justement pas une méditation (même s’il est préconisé d’être attentif en tout temps, donc même en méditation), pas plus qu’il ne s’agit d’un état modifié de conscience, bien au contraire ! Sati signifie d’ailleurs simplement : attention.
Cela n’a donc rien à voir avec la conscience (la chose qui nous rend conscient, définie par les philosophes) mais plutôt avec le conscient (le fait d’être conscient de quelque chose, de savoir qu’elle existe), et ce n’est bien sûr pas non plus de l’hypnose (ni donc de la méditation)… puisque le principe est d’être attentif au moment présent : c’est tout le contraire d’une « état modifié de conscience ».
D’ailleurs, pratiquement tous les pays du monde ont gardé le terme anglais « mindfulness » : dans les pays anglophones, bien sûr, mais aussi en Italie, en Pologne, aux Pays-Bas, etc.
Dans d’autres pays, le terme est traduit dans la langue : « Atención plena » en espagnol, « Atenção plena » en portugais, « Внимательность » (attention) en russe, يقظة كاملة en arabe (vigilance totale), « Giác sát » en vietnamien (observer), etc.
Allez savoir pourquoi, la France fut le seul pays pendant longtemps à utiliser le terme de « conscience » au lieu de « attention » pour désigner la méditation dite « Mindfulness » – et c’est précisément le pays où le terme de « conscience » a été popularisé depuis 25 ans par l’Hypnose Humaniste (coïncidence ? 😉 ).
En français, la Mindfulness est donc improprement renommée : « Pleine conscience », ce qui prête à confusion (volontairement ou non) avec la “Conscience” telle qu’on la décrit en HH.
Notez que cette « exception française » devient contagieuse, car le mauvais exemple français a commencé à se répandre dans quelques pays limitrophes, comme sur la page Wikipedia espagnole, qui parle bien de « Atención plena » (dans le texte) mais dont le titre a récemment été modifié en « concienca plena » (?!)… certainement pour copier la version française.
Idem depuis très peu de temps avec le terme allemand « achtsamkei » que Google translate traduisait auparavant comme « attention » et que l’on retrouve désormais affublé du terme « pleine conscience ». Il faut regarder les synonymes et les traductions vers d’autres langues pour se rendre compte que achtsamkei veut bien dire à la base « être attentif à » (attentiveness, par exemple, en anglais)…
Pire, la page chinoise, qui expliquait joliment les origines bouddhistes de cette pratique philosophique, a été entièrement effacée et remplacée par le texte « conforme au manuel » américain.2
On perd des éléments d’histoire de l’Humanité : des morceaux de culture de ces pays, pour imposer une idéologie occidentale. C’est très inquiétant…
QUEL RAPPORT AVEC LA CONSCIENCE ?
Si vous connaissez l’Hypnose Humaniste et sa philosophie, vous savez ce qu’on appelle « Conscience » dans cette pratique : un champ d’information universel, à l’origine de l’univers. Aucun rapport avec votre petite conscience, le fait d’être attentif…
Être en « pleine conscience » au sens humaniste revient à être connecté à ce champ universel… pas simplement à être conscient de ce que l’on fait au quotidien !
Voyez l’exercice du raisin sec, typique des formations en Mindfulness, qui sert à rééduquer la capacité d’attention au moment présent : on observe le grain de raisin que l’on a entre les doigts, c’est tout – et c’est très bien, si les gens sont déconnectés à ce point du réel, c’est formidable que cela existe… MAIS… cela n’a strictement aucun rapport avec la « Conscience« , le champ d’informations, créateur, source de toutes choses.
Le quiproquo avec l’Hypnose Humaniste et sa philosophie, entretenu par certains formateur en Mindfulness en France, est ainsi un peu pénible : ils reprennent de nombreux éléments du cours et la philosophie qui plait beaucoup, et lorsque les élèves se forment en Hypnose Humaniste, ils nous disent : “Ah, mais j’ai déjà appris ça en Mindfulness, ce n’est pas de l’Hypnose !” Et si, justement… Piratage !
Donc, répétons-le pour ceux qui auraient sauté le début du texte :
– La Mindfulness consiste à être attentif… à soi-même et aux autres, sans jugement. Il n’y a donc aucun « état modifié de conscience » (ni augmentation de la conscience). Ce n’est pas de l’Hypnose.
– Le terme « conscience » n’a ainsi rien à voir avec la définition issue de la physique ou de l’Hypnose Humaniste. En « Mindfulness », le terme « conscience » renvoie au fait d’être “attentif / bien conscient de”… Il s’agit simplement de nos perceptions (voir, entendre, ressentir) et non pas de la Conscience décrite en Hypnose Humaniste. Il n’y a aucun rapport avec la « pleine Conscience » que l’on peut vivre en Hypnose Humaniste : être connecté, uni à un champ infini d’informations, originel.
La « Mindfulness » pourrait correspondre à ce que les bouddhistes conseillent : « ramener son attention sur l’instant présent et examiner les sensations qui se présentent à l’esprit, comment elles apparaissent, comment elles durent quelque temps, et comment elles disparaissent. » (source Wikipedia).
Mais, comme déjà dit, dans la tradition bouddhiste, la « Satipatthana » (traduite en anglais par « mindfulness ») n’est pas une pratique de méditation, et encore moins une pratique de soin, mais une manière d’être au quotidien.
Ce que confirme Jon Kabat-Zinn, fondateur de la Mindfulness : « La Mindfulness n’est pas une psychothérapie, c’est un art de vivre. »
QUEL RAPPORT AVEC L’HYPNOSE ?
– L’Hypnose habituelle (dissociante) plonge la personne dans son Inconscient et l’hypnothérapeute reprend en main ses automatismes.
– L’Hypnose Humaniste (associante) connecte la personne à son être profond et au monde autour, provoquant ainsi un “état de conscience augmenté”, avec les mêmes signes visibles de transe hypnotique qu’en hypnose “habituelle” (mais sans perte de conscience).
– La « Mindfulness » entraîne la personne à rester bien consciente (« moment présent »), au sens ordinaire du terme, et à observer ses automatismes (dissociation).
Ce mécanisme d’observation correspond au processus d’une induction hypnotique, qui amène à la dissociation corps-esprit. Il s’agit de : « être attentif à », « observer ses pensées ou émotions », « examiner les sensations », etc. Bref, sous couvert d’être “bien présent”, cela amène la personne à se séparer en esprit du monde réel…
Tout ceci est déjà utilisé en Hypnose traditionnelle (Classique ou Ericksonienne) durant l’induction hypnotique : précisément pour accentuer la dissociation psychologique et aboutir à l’état de transe hypnotique habituelle (séparation du conscient et de l’Inconscient, de l’esprit mental et du corps)…
Par contre, c’est tout à fait à l’opposé de l’Hypnose Humaniste, qui cherche au contraire à reconnecter la personne.
Par ailleurs, l’observation de ses pensées et émotions est malheureusement aussi le processus par lequel nos symptômes psychologiques se forment : une chose nous fait du mal, on la sépare de nous, donc elle continue de nous faire du mal, de loin. Elle s’est en quelque sorte « satellisée » et reste active hors de notre contrôle.
D’un point de vue thérapeutique, entraîner la personne à se dissocier de ce qui lui fait du mal ne peut qu’entretenir et pérenniser les mécanismes malsains, puisqu’ils deviennent de plus en plus « hors contrôle ».
C’est la raison pour laquelle on dissocie la personne en Hypnose “ordinaire” : le thérapeute prend les rennes sur ce qui provoque les symptômes et aide l’Inconscient de la personne à trouver de nouvelles solutions (Hypnose Classique, Hypnose Ericksonienne)…
Et c’est aussi pour cela qu’en Hypnose Humaniste, tout au contraire, on éduque la personne à prendre conscience de ses mécanismes profonds (en “hyper association” pourrait-on dire), afin qu’elle puisse elle-même les rediriger et trouver ses propres solutions, en toute autonomie.
Les deux manières de faire sont thérapeutiques : absolument rien à voir avec le simple fait de demander à la personne de seulement observer sa vie ou ses émotions, de “prendre de la distance”, etc. (cela n’a rien de thérapeutique en soi, tout au contraire !).
Une méditation préventive, pas curative
La « Mindfulness » n’est donc pas du tout une pratique thérapeutique, si on en croit son créateur, Jon Kabat-Zinn : « Ce n’est pas quand on est tombé dans l’eau qu’il faut apprendre à nager ».
Kabat-Zinn explique que la mindfulness qu’il a conçu a un objectif préventif, psychoprophylactique. Tout simplement parce que la mindfulness est une technique « confrontante » : elle met la personne face à elle-même. Donc, si jamais la personne souffrait (de dépression, d’angoisses, de douleur, etc.) le fait de la confronter à sa crise (« pleine présence » de la mindfulness) ne ferait qu’empirer sa situation !
En pratique, la Mindfulness est contre-indiquée si la personne souffre de quoi que ce soit, ou si vous préférez : elle ne doit être pratiquée que si vous vous sentez bien.
C’est pour cela que la Mindfulness n’est pas décrite par son créateur comme thérapeutique, mais bien comme une technique de prévention (ce que semblent avoir “oublié” tous ceux qui essaient de diffuser à grande échelle cette pratique, en lui trouvant une utilité, quitte à l’inventer… et à faire des bêtises !).
En 1979, Kabat-Zinn a mis en place un programme de réduction du stress, le MBSR (mindfulness-based stress reduction). Méditer ou se relaxer, faire du zen, ce n’est pas au sens technique “de la thérapie”.
Des recherches sur l’utilité de la Mindfulness sur différents symptômes psychologiques n’ont pu aboutir, faute de “cobayes” : forcés à observer leurs symptômes et émotions chaque matin pendant quelques minutes, les participants ont tous fini par abandonner l’expérience, malgré les encouragements des chercheurs… persuadés que leur technique favorite pourrait aider ces gens… Mais non ! Obliger quelqu’un à constater sa souffrance, chaque jour, c’est une forme de torture : personne ne souhaite faire cela, et cela n’aide personne – au contraire…
LA MÉDITATION, CE N’EST PAS DE LA THÉRAPIE !
Méditer est agréable, reposant, et cela fait du bien… quand vous allez bien ! La méditation a de nombreux effets très positifs sur le stress et ses symptômes – mais cela ne tient pas à la “mindfulness” : toutes les formes de méditation ont ce genre d’effets positifs. C’est connu depuis des décennies.
Mais la méditation n’est pas et n’a jamais été “de la thérapie” : quelque chose qui soigne un mal-être (encore moins un remplacement à la médecine, bien sûr !)…
Avez-vous déjà entendu quelqu’un dire qu’il avait fait une séance de méditation pour arrêter de fumer ? Ou une personne dire qu’elle avait consulté un « méditothérapeute » pour dépasser une période difficile ? Avez-vous déjà entendu parler d’une « intervention chirurgicale sous méditation » ?…
Et non, rien de tout cela n’existe… car la méditation n’est ni de l’hypnose, ni de la thérapie.
Pas d’anamnèse en méditation, pas de protocoles de soin, pas de psychopathologie, rien de ce qui fait la psychothérapie… Il n’y a aucune comparaison possible. Les deux choses n’ont rien en commun.
Malgré cela, au début des années 2000, trois psychologues (Zindel Segal, John Teasdale et Mark Williams) ont eu l’idée de créer une forme de « thérapie cognitive basée sur la mindfulness » (MBCT : mindfulness-based cognitive therapy)… essentiellement axée sur le soin de la dépression, à l’origine.
La thérapie cognitive étant la forme de thérapie la plus matérialiste qu’on puisse imaginer (basée sur le conditionnement, Pavlov), inutile de préciser que l’on est à des années-lumière de l’Hypnose… et encore plus de l’Hypnose Humaniste ! Encore une fois, on est loin de la définition de la “psychothérapie”, au sens de travail sur les émotions, les blessures profondes, etc. (la thérapie cognitive refuse l’existence de l’Inconscient…).
Malheureusement, comme expliqué ci-dessus, un grand nombre de centre de Mindfulness plagient l’Hypnose Humaniste, puisqu’elle plait, allant jusqu’à parler de Conscience au sens qu’on lui donne en HH (une notion inexistante dans la mindfulness d’origine), afin de récupérer un public attiré par cette notion très humaniste.
Nombre de mes élèves, attirés au début par la mindfulness, m’ont raconté et montré ces plagiats (des extraits de mes livres, sans citer la source bien sûr) – au point que certaines personnes ignorantes en viennent à penser que « l’HH et la mindfulness sont la même chose » (on me l’a dit en conférence, ça 😛 ) voire pire : que « l’HH aurait copié la MBCT » 😀
Le monde à l’envers ! D’autant que la MBCT s’est développée vers 2005 alors que l’HH est née au début des années 1990, alors que personne en France n’avait jamais entendu parler de “mindfulness”…
L’Hypnose est un ensemble organisé de techniques et de protocoles, applicables par phases (anamnèse, techniques de soin, etc.) et par thèmes (technique pour arrêt du tabac, technique pour mincir, technique anti-stress, pour les deuils, etc.), le tout utilisable par des thérapeutes ou des coachs professionnels auprès de personnes qui souffrent. C’est « de la thérapie » et c’est une autre des très grandes différences entre la mindfulness et l’Hypnose : depuis près de 200 ans, l’Hypnose est une pratique conçue pour être thérapeutique !
EN RESUME
L’Hypnose est une approche laïque complète de coaching, de thérapie et de psychothérapie. Elle offre l’accès à un état modifié de conscience, qui peut permettre d’être effectivement plus présent, dans le cas de l’Hypnose Humaniste, mais qui ne se résout pas seulement à cela, puisqu’il s’agit d’une technique complète de soin, adaptée à trouver des solutions et recouvrer le mieux-être.
La notion de “Conscience majuscule” issue de l’Hypnose Humaniste n’est pas le simple fait d’être « attentif » ou « présent à ce que l’on fait ». C’est un champ infini qui relie tout ce qui est…
De plus, cet état n’est que le point de départ qui rend possible différentes procédures de soin (thérapie) ou de changement (coaching).
Enfin, l’Hypnose Humaniste possède une cosmologie complète et très riche de la vie, de l’existence et de la psyché profonde de la personne, sur laquelle repose la pratique thérapeutique.
Notes
- L’attention juste du Bouddhisme est la 7ème règle du « Noble Chemin Octuple ». Le terme indien comme sa version bouddhiste signifient bien « attention ».
Pourtant, on peut lire cette phrase sur la page Wikipedia de la Mindfulness : « elle (l’attention juste) joue un rôle important dans le bouddhisme où la pleine conscience est une étape nécessaire vers la libération ».
En langage hypnotique, on appelle cela un linking, une technique de manipulation (thérapeutique, mais ici utilisée à visée de propagande) : on fait un lien entre deux termes, “attention juste” puis “pleine conscience”, comme s’ils étaient synonymes afin de créer une similitude dans l’esprit du lecteur : « la pleine conscience, c’est comme l’attention juste ». Ce qui n’est pas le cas, on l’a vu dans l’article ci-dessus.
Ce procédé n’est pas honnête, mais toute la page française Wikipedia est de la même veine… ↩︎ - Les américains à l’origine de la « mindfulness » ont développé un « Manuel pour l’introduction réussie de la technologie occidentale » (sic!) qu’ils distribuent dans les pays à « convertir », comme en Chine par exemple, et qui donne les points à suivre pour « la meilleure diffusion de la mindfulness » (selon les critères occidentaux/US)… C’est très particulier, comme mentalité !
Même Google Translate se met maintenant à traduire « mindful » par « pratique de méditation », même si ce n’est pas dans le sens de la phrase. On ne peut plus traduire correctement certaines expressions… Et plusieurs pages Wikipedia ont aussi été remaniées en fonction de ce « manuel ». ↩︎