Quelle différence entre Hypnose Ericksonienne et Nouvelle Hypnose ?

L’Hypnose Ericksonienne est l’Hypnose telle que la pratiquait en thérapie le psychiatre américain Milton Erickson à partir de 1949-1950, c’est-à-dire après l’aggravation de sa maladie, qui l’a empêché de continuer l’Hypnose telle qu’il la pratiquait pendant les trente années précédentes (environ 1921 à 1949).
C’est pour cela qu’aux USA, on dit que l’on pratique « l’hypnose du vieil Erickson » quand on fait de l’Hypnose Ericksonienne. Avant 1949, c’était simplement de l’Hypnose Classique, très bien pratiquée, mais sans apport technique nouveau. Après 1950, Erickson devint « artfully vague » : il pratiquait de manière rusée, stratégique, sans qu’on puisse dire vraiment ce qu’il comptait faire (confusion, imprévisibilité, sous-entendus, etc.). C’est ce côté stratégique et utilisationnel que l’on a baptisé « ericksonien » et qui a donne l’Hypnose Ericksonienne.

Il faut savoir que l’Hypnose pure ne présente que dans 16% des thérapies d’Erickson, selon l’étude de ses cas (cf.  le livre « Thérapie hors du commun » de O’Hanlon). La pratique thérapeutique d’Erickson était surtout stratégique, ce qui incluait des manières de faire que l’on jugerait aujourd’hui « dures » (prescriptions de tâches, amnésies, suggestions post-hypnotiques, etc.).
Jay Haley, l’homme qui fit connaître Erickson en 1973, le trouvait déjà, à l’époque, « brutal »… Mais ces choses difficiles n’avaient rien à voir avec l’Hypnose. On peut donc pratiquer l’Hypnose Ericksonienne sans être partisan de son approche stratégique (bien qu’elle ait encore quelques rares fans, des thérapeutes qui ne pratiquent qu’ainsi !).

La Nouvelle Hypnose est une approche à part entière de l’hypnose, appuyée sur les bases de l’Hypnose Classique (comme toutes formes d’hypnose dissociante), enrichies, améliorées et modernisées. Elle inclut certaines techniques de langage hypnotique issues d’Erickson, là aussi adoucies et techniquement améliorées, mais pas au point d’en devenir « éricksoniennes ».
Araoz, le fondateur de la Nouvelle Hypnose en 1979, déclare dans son livre que l’Hypnothérapie doit beaucoup à Erickson, mais qu’en Nouvelle Hypnose, même si on utilise certaines techniques ou idées d’Erickson, « on n’est pas éricksoniens ». Qu’on se le dise 😉

Par exemple , la Nouvelle Hypnose n’inclut pas les suggestions post-hypnotiques dirigistes d’Erickson (pousser quelqu’un à faire quelque chose, sans qu’il le sache, après la séance, comme s’il avait décidé de faire cela par lui-même), les amnésies (faire oublier la séance à la personne) ou bien encore les prescriptions de tâches (ordonner l’exécution de certaines tâches difficiles à la personne, entre deux séances)…

De plus, la Nouvelle Hypnose francophone est très riche techniquement (langage, métaphores, subtilités) et elle est adaptée à notre époque : développement du langage et des protocoles par Olivier Lockert, dans les années 90 (eh ! c’est moi, ça ! 😀 ) – ce que l’on retrouve aujourd’hui dans pratiquement toutes les écoles francophones d’Hypnose.

Le terme de « Nouvelle Hypnose » désigne donc actuellement la pratique des hypnothérapeutes modernes – même lorsqu’ils continuent d’utiliser le terme « Hypnose Ericksonienne », pour raisons commerciales.

En Nouvelle Hypnose, les techniques thérapeutiques ont fortement évolué. La plupart de ce que faisait Milton Erickson de son temps (dans les années 50-60 !) ne fonctionnerait plus aujourd’hui. Les gens ne réagissent plus de la même manière face à un médecin ou à un thérapeute ; ils ne font plus « tout ce qu’on leur demande » sans savoir pourquoi. Ils n’accepteraient plus non plus « certaines manières de faire », aujourd’hui très déplacées (c’est le moins qu’on puisse dire !)…
Les hypnothérapeutes américains, bien que très respectueux et admiratifs du travail d’Erickson, font couramment remarquer qu’à l’heure actuelle Milton Erickson n’aurait pas le niveau pour obtenir son diplôme de « Praticien en Hypnose » ! Les choses ont évolué, c’est normal.

Nous en savons maintenant beaucoup plus qu’il y a 50 ou 60 ans… et heureusement. La pratique se complexifie et on peut aujourd’hui facilement soigner des choses que Milton Erickson lui-même n’a jamais réussi à traiter : par exemple, tout ce qui concerne la psychothérapie, qu’Erickson détestait.
La Nouvelle Hypnose – et encore plus l’Hypnose Humaniste – est bien plus vaste que ce que pratiquait Erickson : l’esprit n’est plus du tout le même, ne serait que parce que l’on prend désormais en compte des besoins émotionnels, en plus du soin purement thérapeutique. En tant que médecin psychiatre, Erickson ne s’occupait que de thérapie, donc de troubles somme toute assez « mécaniques » (compulsions, addictions, phobies, sommeil, etc.). Rien de profond ou psychologique, au sens émotionnel ou éducatif (blessures dans l’histoire de vie de la personne).

Par contre, les inductions hypnotiques d’Erickson étaient bien plus stratégiques (artfully, disent les américains : astucieuses, rusées) que ce que les hypnothérapeutes (soi-disant) « éricksoniens » font à l’heure actuelle…
Les techniques d’Erickson étaient aussi insidieuses : elles utilisaient beaucoup les réactions instinctives de la personne et semblaient « magiques » ! Car Erickson était un fin connaisseur de la condition humaine et des réactions psychiques des gens, et il savait s’en servir – à leur avantage, bien sûr.

Aujourd’hui, l’Hypnose Humaniste dépasse ce niveau « mécanique », car on ne parle plus ici de complexité technique, mais de profondeur émotionnelle. On arrive à créer un état d’hypnose qui aide la personne à atteindre un « état de conscience augmentée », lui permettant d’abord de prendre conscience de la source de ses soucis (ce qui était auparavant inconscient)… puis de les régler elle-même, guidée par l’hypnothérapeute – ce dernier n’intervenant jamais lui-même « sur » la personne, contrairement aux autres formes d’hypnose.

Et puis, Milton Erickson pratiquait plus souvent ce que l’on appelle la « thérapie stratégique » et la « communication éricksonienne », pour 80% des cas tout de même : donc des thérapies sans hypnose ! C’est ce qui l’a fait connaître et qui a modifié la façon de pratiquer la thérapie, à son époque… Cela fait bien sûr aussi partie des formations professionnelles en Hypnose Ericksonienne de l’IFHE, ne serait-ce que pour le côté historique.

Enfin, Milton Erickson avait tout un « savoir-être » qui faisait de lui un thérapeute hors du commun. Ce que vous découvrirez en formation et qui, en soi, est le meilleur « outil » thérapeutique :

« On n’a pas suffisamment insisté, dans la littérature publiée
à propos d’Erickson, sur ses qualités humaines,
mais elles constituaient une part très importante de sa méthode de thérapie,
et aussi une des raisons principales de sa réussite »
– Jeffrey Zeig

C’est ce qu’ont retenu les praticiens de la Nouvelle Hypnose, qui misent beaucoup sur ce savoir-être et tout ce que cela apporte.

~oOo~

En conclusion, les praticiens de la Nouvelle Hypnose accompagnent leurs patients avec certains des outils et techniques d’Erickson, mais d’une manière plus vaste, modernisée et adoucie, d’une façon que lui-même n’a jamais utilisé (et donc que l’on ne retrouve pas dans les livres d’Erickson) : beaucoup plus technique, plus symbolique, métaphorique, tenant compte des émotions, parfois aussi orientée sur le Développement Personnel ou l’Évolution Humaine. Bref, tout ce que recherchent actuellement les personnes en thérapie.

Milton Erickson pensait que le summum du bonheur était « d’être marié, d’avoir une bonne santé, quatre enfants et un bon métier« … Bien !… Même en acceptant cette base (pour les 4 enfants, il faut voir !), de nos jours les choses ont changé : on veut aussi être « bien dans sa vie », avoir de saines relations sociales, être heureux en couple, avoir un métier agréable et utile, etc.

Richard Bandler et John Grinder furent les pionniers avec la PNL du développement des techniques de langage éricksonien (1975). Daniel Araoz, sexothérapeute américain donna naissance à la « Nouvelle Hypnose » (1979), dans un élan et un horizon bien plus ouvert que celui des années 1940, ce qui est normal.
Ensuite, Olivier Lockert développa dans les années 1990 les structures thérapeutiques et les techniques sophistiquées de langage que l’on retrouve aujourd’hui utilisées par pratiquement tous les hypnothérapeutes francophones (lisez l’article sur « La Nouvelle Hypnose« ).
Tout évolue…

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