Quelle différence entre l’Hypnose Classique et la Nouvelle Hypnose ?

« Dans le premier cas, l’opérateur est supposé être le maître du jeu, alors que dans la Nouvelle Hypnose, il est clair que c’est le sujet qui mène les opérations, en fonctions bien entendu des propositions de l’opérateur » – Dr Jean Godin

L’Hypnose Classique (ou « Hypnose traditionnelle ») est la première forme historique d’utilisation de l’hypnose, depuis 1841. Elle est techniquement très simple mais ne propose aucun protocole de soin, tout comme en Hypnose Ericksonienne, d’ailleurs. Elle s’adresse donc à des thérapeutes professionnels qui vont booster leur thérapie grâce à l’état d’hypnose.
L’Hypnose Classique, bien que simple techniquement, sera plus difficile à utiliser pour les « apprenants thérapeutes », qui auront besoin de protocoles pour savoir quoi faire dans tel ou tel cas, et éventuellement de guides (scripts) pour développer leur langage thérapeutique et comprendre la manière d’aider quelqu’un avec les mots…
Il n’y a rien de tout cela en Hypnose Classique, pas plus qu’en Hypnose Ericksonienne – où il n’existe aucun protocole ou guide thérapeutique.

Comme toutes formes d’Hypnose dissociante, l’Hypnose Classique cherche à écarter l’esprit conscient afin d’atteindre l’Inconscient. C’est encore plus marqué en Hypnose Ericksonienne, où s’ajoutent les techniques de confusion, d’imprévisibilité, etc. (qui n’existent pas en Hypnose Classique). Et c’est aussi présent, mais d’une manière différente, plus douce, en Nouvelle Hypnose.

Également, l’Hypnose Classique (tout comme l’Hypnose Ericksonienne et la Nouvelle Hypnose) ne favorise pas vraiment l’autonomisation de le personne, puisque tout le « pouvoir » est dans les mots de l’hypnothérapeute, soit par sa technique de langage (suggestions, métaphores, en Hypnose traditionnelle et Nouvelle Hypnose), soit par ses ruses psychologiques (évocation, création de réactions psychologiques, etc. en Hypnose Ericksonienne).
En effet, le patient ne devrait pas être en mesure de savoir « ce qu’on lui aura fait » (si c’est bien fait), ni pourquoi, durant la séance thérapeutique – ceci afin que les techniques destinées à agir sur l’Inconscient reste bien à ce niveau (inconscient, donc).
D’un côté, le patient ne pourrait donc pas « casser » la séance, après coup, en la décortiquant (mental, oui mais, etc.)… ce qui est très bien… Mais, du coup, il ne pourrait pas non plus la reproduire lui-même plus tard, si besoin. D’autant plus que les techniques utilisées sont difficiles et demandent à l’hypnothérapeute éricksonien un long apprentissage.

A noter que c’est totalement différent en Hypnose Humaniste, où le changement ne tient pas à un langage technique (pas de suggestions cachées ou autre, en HH) et où la personne a agi par elle-même, sur elle-même (le thérapeute ne « fait » rien à la personne), donc celle-ci sait parfaitement ce qu’elle a fait et comment, donc elle pourrait le reproduire chez elle. C’est cela que l’on nomme « autonomie ».

En tant qu’hypnothérapeute, dans les formes d’Hypnose dissociantes (donc toutes sauf l’Hypnose Humaniste), on pratique en permanence des techniques issues de l’Hypnose Classique, ne serait-ce que les suggestions, base du langage hypnotique. Lorsqu’on lit les démonstrations d’hypnose de Milton Erickson, on voit très bien qu’il utilisait 90% d’Hypnose Classique, même à la fin de ses jours, quand il a développé son approche stratégique (qui l’a fait connaître)… On peut même marier « Classique » et « Ericksonienne » : ce que l’on appelle de « l’Hypnose semi-traditionnelle » (selon André Weitzenhoffer, conseiller et ami d’Erickson). Il est donc idiot de rejeter l’Hypnose Classique quand on est hypnothérapeute, puisqu’elle est à la base de notre pratique.

La Nouvelle Hypnose, déjà dans son appellation qui est un clin d’œil à la « Nouvelle Ecole » de Bernheim, s’appuie officiellement sur les bases de l’Hypnose Classique, qu’elle enrichie (au niveau technique) et modernise (dans l’esprit). Elle reprend aussi forcément certaines des techniques de l’Hypnose Ericksonienne, puisqu’on en sait l’efficacité, mais de manière là aussi adoucie et techniquement améliorée.
Ainsi, l’aspect de la pratique d’Erickson que Jay Haley décrivait comme « brutal » est mis de côté (peu ou pas de confusion, pas de prescriptions de tâches difficiles, etc.). Araoz, créateur de la Nouvelle Hypnose, dit que « l’on doit beaucoup à l’Hypnose d’Erickson, mais nous ne sommes pas éricksoniens ». Il s’agit donc bien d’une approche à part.

La Nouvelle Hypnose n’en reste pas moins tout aussi « indirecte » et « permissive » que l’Hypnose Ericksonienne – entendez par-là que l’hypnothérapeute ne donne jamais de suggestions directes (quand il s’agit de s’adresser à l’Inconscient) mais évoque des directions possibles à la personne (métaphores, allusions), qui a alors l’impression de choisir elle-même ses solutions de changement : en fait, elles sont suggérées par le thérapeute, qui est tout de même là pour guider le changement (cf. la citation du Dr Godin qui débute cet article).

Il est intéressant de noter que l’on peut facilement refuser une suggestion directe, même si elle était donnée sur un ton persuasif ou autoritaire, car on reste conscient du message, de la suggestion directe, donc on peut la bloquer.
Par contre, une suggestion indirecte sera suivie inconsciemment, puisqu’elle n’est pas perçue consciemment et qu’il est par conséquence difficile ou impossible de la contrer.

La forme d’hypnose la plus « manipulatrice » (au sens thérapeutique, bien sûr) n’est donc pas celle que l’on croit !
L’Hypnose Classique a mauvaise réputation, chez les novices et même beaucoup de professionnels, par manque de connaissance (ou de conscience, car les « pros » s’en servent et devraient le savoir), alors que ses techniques sont faciles à bloquer par tout un chacun… Ce qui a été à l’origine de la recherche de « suggestions cachées », « indirectes », « subliminales », pour éviter ces blocages… Ce qui a donné naissance aux techniques de l’Hypnose Ericksonienne.

L’Hypnose Classique, l’Hypnose Ericksonienne et la Nouvelle Hypnose sont des voies de pratique différentes de l’Hypnose, sur une base commune. C’est surtout le niveau de connaissance psychologique du praticien qui déterminera leur choix :

  • L’Hypnose Classique (traditionnelle) est techniquement simple mais elle demande à être déjà « thérapeute » (médecin, psychologue, thérapeute professionnel) car elle ne fournit pas d’aide pour comprendre la structure des symptômes et donc comment les traiter. Elle est très souvent confondue avec l’Hypnose de spectacle, avec laquelle elle n’a pourtant rien en commun, ni d’un point de vue technique, ni bien sûr dans son application. Elle était autoritaire au XIXème siècle, car c’était ainsi qu’un médecin s’adressait à ses patients, mais on ne la pratique plus ainsi de nos jours. Et elle dispose de la base technique qui soutient les autres approches de l’Hypnose.
  • L’Hypnose Ericksonienne (donc hors approche stratégique, qui était l’essentiel de la pratique d’Erickson) était à 90% de l’Hypnose Classique habituelle très bien pratiquée, par un très bon thérapeute, fin connaisseur de la psyché et de la psychopathologie. On retiendra, pour l’Hypnose seulement, quelques techniques spécifiques à Erickson (confusion, approche naturaliste, stratégique). Aujourd’hui, on appelle souvent improprement « Hypnose Ericksonienne » la pratique de la « Nouvelle Hypnose » (ci-après), donc les idées et principes d’Erickson assemblés aux techniques modernes d’Hypnose adoucies et structurées.
  • La Nouvelle Hypnose est beaucoup plus technique que les précédentes, elle dispose d’un langage très structuré, subtil et activateur, et surtout de nombreux protocoles de soin (chose inconnue en HC et HE), destinés à des problématiques courantes, ce qui facilite son utilisation aux hypnothérapeutes débutants. L’accompagnement hypnotique est toutefois toujours intuitif, comme en Hypnose Classique, dans l’adaptation des techniques à la personne. Et comme l’Hypnose Ericksonienne, naturaliste, elle s’appuie sur les particularités de chacun et laisse les bénéfices du changement au patient (approche permissive). Son champ d’application est potentiellement illimité, dans le domaine de la psychologie. C’est la forme d’Hypnose utilisée généralement en thérapie aujourd’hui.

En conclusion, les deux pratiques utilisent l’état modifié de conscience appelé « hypnose » avec, comme vous l’avez compris, une base commune et des techniques en parties différentes.

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