L’Hypnose Ericksonienne est-elle une sorte « d’hypnose consciente » ?

Absolument pas ! La base de l’Hypnose Ericksonienne est la même qu’en Hypnose Classique. On y ajoute des techniques de langage et des ruses psychologiques, ainsi que des techniques de confusion et d’imprévisibilité pour court-circuiter les défenses mentales (« dépotentialiser le conscient », dans le jargon).

En Hypnose Ericksonienne encore plus qu’en Hypnose Classique, il y a dissociation et perte de conscience (au sens de conscience ordinaire).
Erickson expliquait que « si jamais la personne commençait à comprendre ce qu’on lui fait, il faut changer, faire n’importe quoi d’autre, sans quoi notre technique est perdue » – ce qui se comprend bien, puisque les techniques d’Hypnose visent l’Inconscient : si la personne en prend conscience, les techniques faites pour agir sur l’Inconscient ne sont plus au bon niveau et elles ne fonctionnent plus. Elles n’ont pas été conçues pour agir consciemment. 

Alors, certaines personnes craignent qu’une forme d’hypnose « douce et indirecte » soit moins efficace qu’une hypnose plus brutale, qui ferait tomber la personne dans un état (en apparence) quasi comateux, type Hypnose de spectacle (qui n’a rien de thérapeutique !).
C’est tout le contraire ! Des expérimentations répétées ont montré que les techniques « directes » (type « spectacle », donc) n’ont, je cite : « aucune espèce d’efficacité » quant il s’agissait d’influencer le fonctionnement de l’Inconscient. Ce qui est normal : la personne entend et comprend les suggestions (les phrases hypnotiques), donc elle peut les accepter… ou les bloquer ! Alors qu’il est impossible d’empêcher quelque chose dont on n’a pas conscience…

L’Hypnose Ericksonienne et la Nouvelle Hypnose, qui travaillent le plus souvent avec des techniques cachées, subliminales, indirectes, sont ainsi bien plus impactantes que l’approche simple et direct de l’Hypnose Classique (ou des méthodes « bourrins » du spectacle !).

Par ailleurs, un patient expérimentera aussi souvent une « transe profonde » (perte de conscience / oubli de la séance) en Hypnose Ericksonienne qu’en Hypnose type « spectacle », bien que cette « profondeur » ne soit pas spécialement recherchée en thérapie, où chaque séance d’hypnose commence par une demande à l’Inconscient de cibler « où est le problème ». Ainsi, s’il est « profond », la personne ira profondément en transe. Mais si la cause est logée dans une strate moyenne ou vers la surface, il serait idiot de « plonger » plus bas… pour y trouver quoi ? Puisque ce que l’on recherche est un peu plus haut ! 😀

PARFOIS, ON ME DEMANDE : « FAITES-VOUS DE LA VRAIE HYPNOSE ? »
Sous-entendu : « de l’hypnose profonde, où l’on est inconscient ».

Il y a un problème de compréhension de l’Hypnose !
Il y a deux siècles, alors que la population n’était que peu cultivée, superstitieuse et très impressionnable, il était facile pour une personne d’influence (prêtre, noble, enseignant, médecin, etc.) d’abuser de son autorité pour fasciner une personne sans défense et la pousser, grâce à l’induction hypnotique, à une sorte d’évanouissement qui la laissait tel un pantin aux mains du « marionnettiste »…

Les hypnotiseurs de spectacle agissent toujours ainsi : c’est leur fond de commerce, faire croire à une toute-puissance, un « pouvoir »… Ainsi, sur un trottoir parisien, le fameux Messmer (et autrefois, c’était Dominique Webb) s’approche d’une tablée de jeunes femmes ; les caméras le suivent ; tout le monde le connaît et on comprend que s’il s’approche de vous, avec toutes les caméras et les micros qui le suivent, ce sera pour vous hypnotiser (idée implicite : « vous faire dormir »). Et en plus, on passera certainement à la télé ! 😉
Le gaillard s’approche effectivement, vous fixe de ses grands yeux impressionnants et vous intime l’ordre de dormir. Et vous tombez réellement « endormi ». L’effet produit par la réputation de l’artiste ET le contexte ont déclenché en vous un réflexe ancestral d’obéissance aveugle. Mais cela ne fonctionnera pas chez tout le monde… (et heureusement !)… car vous auriez tout aussi bien pu vous lever, faire signe à toute l’équipe : « Non non, merci, je bois un verre tranquille, laissez-moi ! »… Et toute la scène n’aurait pas eu lieu.

L’entrée en état d’hypnose se fait parce que la personne l’accepte et accorde sa confiance à l’hypno(tiseur / thérapeute)… En l’occurrence, dans cet exemple, il y a tout simplement le droit à l’image : les grandes chaînes de télé ne vont pas commencer à filmer pour rien, si vous n’avez pas signé le fameux papier avant le tournage !… Donc, lorsque Messmer s’approche, primo vous êtes d’accord, mais secundo vous n’êtes même pas surpris, puisque vous avez donné votre accord avant même le tournage. Vous vous êtes déjà « pré-hypnotisé »…

Mais qu’importe, allons plus loin : vous qui avez regardé cette séquence à la télé ou sur une vidéo, si Messmer utilisait vraiment « une technique spéciale », secrète, ou un « pouvoir » pour endormir les gens, les rendre inconscients… vous auriez aussi dû entrer en état d’hypnose, vous-même, rien qu’en le regardant faire ! Mais cela n’arrive pas…
Pourquoi ? Parce que vous n’êtes pas concerné. Vous n’avez pas donné votre accord. Vous ne vous attendez à rien.
C’est cela, l’Hypnose : une relation humaine – dans notre cas : thérapeutique (ou de spectacle, pour Messmer).

Et vous, si vous vous promenez dans les rues de Paris, anonymement et sans caméra, si vous vous approchez de jeunes femmes à la table d’une brasserie et que vous ordonnez à l’une d’elle de dormir… que pensez-vous qu’il se passera ? Rien d’autre que des rires étonnés ! Même « l’hypnose de rue » se prépare et on demande le consentement de la personne. YouTube ne vous montre que le résultat final (et seulement lorsque ça a fonctionné)…

UNE RÉACTION PSYCHOLOGIQUE

C’est le contexte qui informe la personne de ce qui va se passer. Elle accepte alors (ou pas) de « jouer » et l’hypnose pourra fonctionner. C’est la raison pour laquelle, même en fixant les grands yeux hypnotiques sur la vidéo de Messmer ou de Dominique Webb, vous n’entrerez jamais en transe comme les personnes filmées, pour qui tout ça était « vrai » et vécu.

YouTube regorge de vidéos très populaires « d’hypnose instantanée ». Le phénomène existe, bien sûr : on l’apprend à l’IFHE en formation d’Hypnose Ericksonienne comme en Hypnose Classique (récréative), mais cela ne sert que rarement en thérapie. Et, encore une fois, le contexte et l’attente de la personne qui s’apprête à être hypnotisée sont déterminants. Comme en thérapie, tout cela joue aussi grandement sur l’issue des consultations : positives ou sans effet. Car le plus dur n’est pas d’aider une personne à entrer en état d’hypnose : le véritable travail commence seulement là ! Quoi faire maintenant pour aider la personne et rendre cette expérience utile pour elle.
C’est cela, la thérapie !

Jouer à Messmer en « évanouissant » les gens ne sert à rien en thérapie,
si vous ne savez pas quoi faire après.

Le fantasme populaire garde la mémoire des temps anciens où l’hypnose de foire abrutissait les gens. On s’imagine qu’étant « absent », l’hypnotiseur-thérapeute pourra « bricoler » à sa guise dans notre tête et nous redonner ensuite conscience, parfaitement guéri sans que nous n’ayons rien eu à faire !… Certains rêvent de ce genre de « science-fiction » sans se rendre compte de ce que cela signifierait pour eux : perdre leur intelligence et leur indépendance d’esprit !

En réalité, en Hypnothérapie, on ne cherche pas spécialement la transe profonde, tout simplement car c’est à l’Inconscient de la personne de choisir ce qui sera utile à la réussite de la thérapie (cibler la cause du problème).
Quelle que soit la « profondeur » de transe, légère, moyenne ou profonde : la personne est bel et bien en état d’hypnose (elle n’est plus « consciente » au sens habituel) sans quoi on ne pourrait pas l’aider efficacement.
L’Hypnose ouvre la porte de l’Inconscient et, une porte, qu’elle soit légèrement, moyennent ou grande ouverte… elle est ouverte ! C’est évident lors des anesthésies hypnotiques, à l’hôpital, en hypnose médicale. La personne peut ne plus ressentir aucune douleur, et pourtant avoir encore les yeux ouvert et discuter avec l’infirmière (durant une opération chirurgicale)…

Alors, rassurez-vous, l’Hypnose Ericksonienne, comme l’Hypnose Humaniste ou la Nouvelle Hypnose, sont bien des « vraies formes d’Hypnose », qui mettent la personne en transe. On ne reste pas « conscient », ce n’est pas de « l’hypnose consciente » : car cela n’existe pas !… Sans quoi, on n’appellerait pas cela « de l’Hypnose » ou « de l’Hypnothérapie » et nous n’aurions pas les résultats thérapeutiques dont vous avez entendu parler.

ET EN HYPNOSE HUMANISTE ?

Même en Hypnose Humaniste où la personne « gagne en conscience », elle atteint un « état de conscience augmentée », avec les mêmes « signes de transe » visibles qu’en hypnose habituelle. Un vrai état d’hypnose sans lequel les phénomènes hypnotiques seraient impossible (l’anesthésie dont nous parlions, par exemple). Et si la personne présente des phénomènes hypnotiques, alors c’est bien qu’elle est « en état d’hypnose« , n’est-ce pas ?

Par ailleurs, l’état d’hypnose profonde survient spontanément en hypnothérapie, mais il n’est pas déterminé par la seule technique de l’hypnothérapeute. La plupart des gens de notre temps sont suffisamment cultivés et informés pour ne plus être impressionnable au point de nos ancêtres ! Le résultat de cette éducation est une conscience accrue durant l’expérience d’hypnose… ce que l’on pourrait confondre avec « rester conscient » : en réalité, on est « observateur de soi-même », tout comme lorsqu’on fait un rêve et que l’on s’en rend compte. C’est votre Conscience majuscule qui veille – ce que les anciens hypnothérapeutes appelaient l’Ego Observer ou Observateur Caché.

Il arrive parfois aussi spontanément une amnésie de la séance d’hypnose, qui laisse à la personne un « grand trou de mémoire ». Il n’est pas très agréable de ne plus pouvoir dire ce que l’on a fait pendant une pleine heure de son existence. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, beaucoup de gens sont déçus lorsqu’un tel phénomène survient – eux qui espéraient pourtant « entrer en transe profonde » ! Car ils ne se souviennent de rien, après ! Donc, pas de ressenti, rien à raconter… C’est finalement assez décevant (et ça coûte aussi cher que lorsqu’on garde de bons souvenirs 😉 ).

CONCLUSION

L’Hypnose thérapeutique n’est pas « consciente », elle met bien les personnes en état modifié de conscience. Elle est même bien bien plus efficace que celle de nos grands-pères, puisque elle est aujourd’hui plus évoluée techniquement, plus sophistiquée ! Et si la personne garde une part de conscience, c’est la même que celle que l’on a en rêve – lorsque l’on sait que l’on rêve (et pourtant, on dort !). C’est d’ailleurs ce type de Conscience élargie que l’on cherchera à renforcer en Hypnose Humaniste.

Bien que n’ayant pas la notion de « conscience supérieure », Milton Erickson y faisait allusion lorsqu’il expliquait : « Il est très différent d’être simplement conscient, par rapport à être conscient d’être inconscient, durant l’hypnose. »
On parle bien de cela ! Il reste « quelque chose », une conscience, comme durant certains rêves, mais il ne s’agit absolument pas du « petit conscient », votre état d’être habituel. Pour preuve les scanners cérébraux qui montrent bien que la personne dort (ou est en état d’hypnose)…
Mais c’est là un tout autre sujet.

Peut-être même peut-on y voir les signes avant-coureurs d’un prochain stade d’évolution humaine : là où autrefois le mental faisait obstacle, il pourrait apprendre à collaborer, puis à « diriger » le corps et l’esprit, pour un changement « en toute conscience ». Vivre et se soigner en état de conscience augmentée : c’est le défi de l’Hypnose Humaniste.

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