Intégrer et non opposer

Les humains aiment « faire des catégories »… et les opposer ensuite. Cela doit rassurer la strate basse de notre mental et par là-même donner une sensation de contrôle qui apaise jusqu’à nos strates les plus profondes (cerveau reptilien).

En Hypnose, par exemple, si vous dites aimer ou pratiquer l’Hypnose Ericksonienne : « c’est que vous n’aimez pas l’Hypnose Humaniste ! »… Et, bien sûr, si vous parlez en bien de l’Hypnose Humaniste, c’est que « forcément » vous n’aimez ni ne pratiquez l’Hypnose Ericksonienne !
Ces deux formes d’Hypnose sont effectivement diamétralement opposées, autant sur l’esprit que sur les techniques, mais rien n’empêche de les apprécier toutes les deux, comme on peut aimer à la fois certains plats salés et d’autres sucrés.

Autre amalgame courant : si vous faites « de l’Hypnose Classique« , c’est que vous faites « des spectacles d’Hypnose ». Grosso modo, le cliché est que vous ne savez faire que crier des ordres aux gens qui tombent devant vous comme des mouches ou font le chien…
Et James Braid, Hippolyte Bernheim, Jean-Martin Charcot, dans tout ça… ils n’étaient pas thérapeutes, peut-être ? Ainsi que toutes les personnes qui, depuis le début du XIXème siècle, aident leur prochain avec ce qu’on a appelé « l’Hypnose » qui, d’origine, est une pratique thérapeutique !

L’Hypnose Classique est la première forme d’Hypnose. A l’époque, les gens qui la pratiquaient étaient comme nous, aussi intelligents et sensibles. Pensez-vous qu’ils n’avaient jamais songé à faire une métaphore ou à demander gentiment les choses ?

Dans cette continuité, sans doute à cause de « l’effet Messmer » (celui qui a deux « SS » dans son nom, pas le médecin allemand qui pratiquait le magnétisme), on voit fleurir en ce moment des formations « sur les inductions rapides » (« pour faire comme à la télé »), comme si elles n’appartenaient pas déjà aux techniques d’Hypnose enseignées en formation !

Ces techniques d’induction hypnotique, appelées aussi « instantanées », sont issues de l’Hypnose Classique, qui est historiquement la source de presque toutes les techniques d’Hypnose actuelles. Elle est donc bien enseignée dans le cours d’Hypnose, car énormément de choses viennent ainsi de l’Hypnose dite Classique : la calibration (bien observer la personne et repérer les signes d’états internes), la synchronisation (c’est Mesmer, en 1770, qui préconisait « d’établir le rapport » – ce que l’on fait toujours), la plupart des inductions elles-mêmes, les différentes formes de suggestions (directes, indirectes, dont le Milton-modèle lui-même est issu), les phénomènes hypnotiques bien sûr (lévitation de la main, lourdeur du corps, amnésie, distorsion du temps, etc.), tout comme les métaphores simples et même les métaphores ouvertes, ainsi que diverses petites techniques, incorporées aujourd’hui aux processus de Nouvelle Hypnose (le signaling, le pont affectif, etc.) Tout cela est quotidiennement utilisé par les hypnothérapeutes de toutes obédiences… L’auraient-il oublié ?

Par exemple, on apprend dans le cours de « Praticien 1 en Hypnose » les interruptions de pattern : l’induction que vous voyez souvent pratiquée par les jeunes dans la rue, ou en spectacle, pour faire tomber la personne en transe immédiatement.
Ces techniques sont révisées et approfondies en « Praticien 2 Hypnose Ericksonienne » et on en refait une autre journée durant le « Maître-Praticien en Hypnose« .

Inutile, donc, d’aller chercher ailleurs ce que tout le monde apprend de fait, dans sa formation complète en Hypnose ! 😉

Maintenant, il est certain que ce ne sont pas des inductions du goût de tout le monde. La plupart des thérapeutes de Nouvelle Hypnose préfèrent des inductions plus douces – ce qui ne veut pas dire « moins profondes » ou « moins efficaces » (méfiez-vous des oppositions de pensées dont nous parlions au début !)… Mis à part dans de rares anecdotes d’Erickson, les hypnothérapeutes n’utilisent pas ces techniques spectaculaires.

Toutefois, même si on ne s’en sert pas en thérapie ou en coaching, savoir pratiquer les inductions rapides apporte la confiance en soi nécessaire à la réussite des autres techniques, plus douces ou indirectes. C’est la raison pour laquelle tout le monde les apprend à l’IFHE, durant le cours de « Praticien 1 », même les futurs praticiens en Hypnose Humaniste (qui, pourtant, auront ensuite une pratique bien différente) ! 😀

On lit trop souvent des critiques de l’Hypnose Classique, y compris venant d’auteurs « réputés » américains, la confondant avec l’Hypnose de spectacle – qui est une spécialité à part. C’est bien là une marque d’inculture… Il serait peut-être temps de remettre les pendules à l’heure et de prendre conscience d’où nous venons, les hypnothérapeutes, et de ne pas renier ou déformer notre passé.

Erickson, par exemple, pratiquait une Hypnose qui semblerait « classique » aux praticiens modernes, habitués à des approches très indirectes, certes inspirées par Erickson, mais bien plus performantes et techniques que ce qu’il pratiquait lui-même (Nouvelle Hypnose)…

A bientôt en formation, donc ! Pour de douces métaphores pleines de sens… comme d’amusantes inductions hypnotiques rapides ! 🙂

Charcot_à_la_Salpêtrière

3 réflexions au sujet de « Intégrer et non opposer »

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