Hypnose & Dissociation

La séparation psychologique naturelle qui existe en chacun de nous, entre notre esprit conscient et la vaste partie inconsciente de notre esprit, est le phénomène qui permet… l’hypnose !

A l’heure d’Internet, peut-être parce que la nouvelle génération lit de moins en moins, les bases de la psychologie se perdent… Et certains personnes (même se disant « formateurs ») propagent des bêtises qui n’aident pas ceux qui veulent acquérir de bonnes fondations théoriques et pratiques en Hypnose.

Nous allons voir qu’il y a bien longtemps que les thérapeutes se doutent que la dissociation « conscient-inconscient » est un mécanisme important en thérapie, d’abord pour ses méfaits, puis pour expliquer le fonctionnement humain, et plus tard pour aider les gens à aller mieux, avec l’Hypnose.

janet

Pierre Janet fut le premier, en 1889, à officialiser ce mécanisme caché de l’Hypnose, la clé pour comprendre : pourquoi les techniques hypnotiques mettent-elles la personne en état modifié de conscience ?

Pour rappel : Pierre Janet est le père de la Psychologie clinique française, philosophe et médecin, célèbre collaborateur de Charcot à la Salpêtrière, professeur du jeune Sigmund Freud (eh oui !) à qui il a offert son principe d’association d’idée (qui fut la base de la Psychanalyse de Freud), pionniers parmi les plus grands de l’Hypnose et découvreur – entre autres choses – des techniques de régressions hypnotiques et aussi du phénomène qui devint plus tard la base de la Thérapie Symbolique, en Hypnose Humaniste.

LA DISSOCIATION
Pierre Janet comprit donc que la libération des forces inconscientes en Hypnose provenait de la mise à l’écart du mental (fonctions conscientes de la personne). Cela n’était pas une déduction si évidente que ça à l’époque, où même la notion d’Inconscient en était à ses début… Et ce n’est pas forcément plus évident aujourd’hui, où les praticiens de l’Hypnose sont souvent davantage portés sur les techniques pratiques (protocoles) que sur la théorie ou l’Histoire de leur approche (compréhension).
Savoir pourquoi et comment fonctionne l’esprit de la personne (et donc l’Hypnose) permet pourtant de choisir les techniques qui conviennent le mieux et de les appliquer de manière correcte – puis de s’améliorer soi-même, en étant conscient de ce qui fonctionne ou non, et pourquoi…

Un peu d’Histoire, donc !
dissociation-2Les « pré-hypnothérapeutes » (Deleuze, 1813, Faria, 1819) avaient déjà noté qu’une personne pouvait répondre aux suggestions sans en avoir conscience, donc comme si les suggestions avaient activé « une partie » de la psyché de la personne, séparée de son entendement conscient.
Ils avaient même déjà remarqué que cette dissociation pouvait être complète ou partielle, ce que confirma le père de la psychologie américaine, William James (1890), sous l’influence des travaux de Pierre Janet, justement.

Cela fut la base de la notion d’Inconscient, par définition automatique et séparé de notre fonctionnement conscient. Ce que Pierre Janet baptisa « désagrégation » (L’automatisme psychologique, deuxième partie, 1889, page 80 et suivantes) évolua ensuite en « dissociation » (1907 puis 1919 et 1925).
A l’instar de son ancien maître à penser (Charcot), Pierre Janet voyait la transe hypnotique comme un dérivé de l’hystérie et il croyait que les deux phénomènes, hystérie et hypnose, provenaient d’une même cause : la suggestion (les mots).

L’hystérie étant une conversion pathologique, tandis que l’hypnose est une expression contextualisée et sociale de la capacité à se dissocier.

Plus tard, dans les années 50, un français qui passa ensuite sa vie aux USA, André Weitzenhoffer, devint l’expert de référence sur les états hypnotiques (et notamment les « échelles d’hypnotisabilités », très utilisées et prisées, à l’époque). Weitzenhoffer travailla aussi avec Milton Erickson, qu’il connaissait bien (et il donna quelques fois des cours à l’IFHE, si si !).
Il expliquait que le dénominateur commun à toute séance d’hypnose était le fait que les différents comportements  hypnotiques n’étaient pas vécus par le sujet comme étant provoqué par sa volonté (« the self ») et que ces actes involontaires, incontrôlés, étaient le propre de l’Hypnose. « La transe hypnotique est la résultante d’un mécanisme dissociatif » (Weitzenhoffer & Hilgard, 1959, 1962, 1963, 1980).

De fait, soixante-dix ans après Janet, des études arrivèrent elles aussi à cette conclusion : « Le comportement des personnes les plus hypnotisables (les « virtuoses » de l’hypnose), qui font des scores extrêmes aux échelles d’hypnotisabilité, ne peut être analysé qu’en termes de changements dissociatifs sous-jacent de leur système cognitif » (Kilhstrom, 1985). Ou encore : « On peut raisonnablement penser que les mesures des tendances individuelles à la dissociation sont en forte corrélation avec la réponse individuelle à l’hypnose » (Spiegel, 1990).

Avant ça, Hull (1933), White & Shevach (1942) et Rosenberg (1959) avaient démontré qu’en état d’hypnose, une part de la psyché de la personne pouvait fonctionner comme séparément du reste, au point que le sujet en hypnose pouvait entretenir deux activités mentales simultanées, dont une inconsciente, bien sûr.
Mais n’est-ce pas le propre de notre Inconscient, justement, de ne pas être conscient et de fonctionner automatiquement ?

dissociation-1C’est Hilgard qui travailla le plus sur la structure de la dissociation de l’Hypnose (1973, 1977), notamment avec sa théorie de la néodissociation (appelée ainsi pour la distinguer des théories de Janet). Lui aussi montra que « la séparation de certains processus mentaux du corps principal de la conscience survenait avec différents degrés d’autonomie » (1992). C’est aussi Hilgard qui remis au goût du jour la notion d’Observateur Caché (Hidden Observer, 1977) – en la testant de multiples manière… Notion qui trouvera plus tard son explication avec la Conscience, telle que décrite en Hypnose Humaniste (2001).

D’ailleurs, Weitzenhoffer (1980), Laurence & Perry (1981) et bien d’autres partisans du courant néodissociationniste ont refusé d’assimiler la transe hypnotique à l’Observateur Caché, notamment parce que la capacité de répondre aux suggestions (donc aux tests d’Hilgard) s’appuie sur une dissociation préalable. L’observateur caché n’est donc pas une partie dissociée de notre esprit, mais « autre chose » (et là, on sort de notre sujet)…

A la suite de Weitzenhoffer et d’Hilgard, on ne compte plus les théoriciens de l’hypnose qui écrivirent pour expliciter en long et en large cette fameuse dissociation de l’Hypnose, l’expérimenter, la mesurer, etc. : Orne & Orne, 1986, Norman & Sallice, 1986, Goldberg, 1987, Bowers, 1991, 1992, 1994, Kilhstrom, 1992, Woody & Sadler, 1998 et des dizaines d’autres.

Quelques extraits :
« En focalisant l’attention du sujet sur un objet ou une sensation et en suggérant l’inhibition des éléments extérieurs, il est possible de créer une forme de dissociation entre l’expérience subjective et le monde environnant. » (Laurence & Perry, 1981)

« Le concept de désagrégation désigne le mécanisme mental par lequel un individu entre en hypnose. Ce mécanisme est appelé aujourd’hui dissociation, transe hypnotique ou encore état de conscience modifiée » (Gay, 2007, Lynn & Kirsch, 2006).

« Le mot dissociation, introduit par Pierre Janet dans le cadre de sa théorie de la désintégration mentale, joue aujourd’hui un rôle central, tant dans la psychologie que dans la psychiatrie. Il est également souvent employé pour désigner le mécanisme mental qui permet l’entrée en hypnose » (Didier Michaux, in « Hypnose et dissociation psychique« , 2006)

Bien sûr, les praticiens de l’Hypnose, les gens de terrain avaient aussi leur mot à dire sur la dissociation en tant qu’essence de l’Hypnose : les allusions à « la séparation entre le corps et l’esprit » sont abondantes chez Erickson & Rossi, puisqu’elle est incluse dans le phrasé hypnotique lui-même : « Et pendant que cette main se lève, une autre partie de votre esprit va travailler pour vous » (1976, 1979) comme chez leurs élèves (O’Hanlon, Calof), et bien sûr aussi de notre côté de l’Atlantique :

« Ce qui différencie l’hypnose de toutes les autres techniques (…) est l’état de dissociation du sujet » (Dr Malarewicz, psychiatre, 1990)

« Hypnose et dissociation forment un couple solide, vieux de près d’un siècle, un vieux couple dans lequel ces 2 notions sont étroitement associées » (Dr Virot, psychiatre)

« Le phénomène de dissociation, tel que décrit par Bowers, est pour nous typique de l’hypnose » (Dr Godin, psychiatre, 1992)

« La dissociation est inhérente au fonctionnement de la conscience (…) L’hypnose utilise cette dissociation habituelle » (Yves Halfon, psychologue clinicien)

« La caractéristique la plus significative de l’état hypnotique ou état modifié de conscience est probablement la dissociation, c’est-à-dire la simultanéité d’une activité mentale consciente et d’un activité mentale inconsciente, séparées l’une de l’autre » (Dr Salem, psychiatre, 1999).

« Un premier type de dissociation, la transe quotidienne spontanée, correspond aux capacités naturelles d’absorption dont disposent les sujets. Cette dissociation « normale » (…) est utilisée lors de l’hypnose de façon contrôlée et thérapeutique, une autre personne accompagnant alors le sujet en transe dans ce but » (Fareng, Dr en psychologie & Plagnol, Psychiatre, prof. de psychopathologie, Paris 8)

Et même chez les plus jeunes, praticiens de l’hypnose de rue :
« La dissociation est un élément essentiel à la pratique de l’hypnose » (Street-hypnose.fr)

D’autres théories sur l’hypnose ?

Bien sûr, l’état d’hypnose ne se résume pas à la seule dissociation. Sans la collaboration de la personne, rien ne serait possible. Il y a donc de fortes composantes cognitives et sociocognitives à l’hypnose…
Par exemple, Charcot estimait que l’hypnose était un comportement hystérique. Sans lui donner complètement raison, il faut bien admettre que seules les personnes les plus sensibles (fragiles ?) s’effondrent en transe d’un simple claquement de doigt. Ce n’est pas de l’hystérie, au sens populaire du terme, mais c’est bel et bien une « réaction hystérique », au sens psychopathologique (hypersensibilité)…

Egalement : on n’arrivera jamais à faire faire à un sujet quelque chose qui est contraire à sa morale ou à sa culture. Cet article n’a pas pour thème de reprendre tous ces basiques, mais c’est un fait qui n’est plus à prouver et qui montre bien que la personne « joue le jeu », dans la limite de ce qui lui convient – et on ne parle pas ici d’une acceptation consciente, superficielle, mais d’une adéquation profonde, qui peut nous mener à notre « ange gardien », le fameux « ego observer » (observateur caché) dont nous parlions un peu plus haut, connu depuis les premiers temps de l’Hypnose, et qui bloque toutes suggestions ou actions vraiment négatives pour la personne.

On pourrait aussi parler du fait que certaines personnes entrent en transe comme « pour faire plaisir » à l’hypnotiseur, en signe d’acceptation sociale, ou pour jouer un jeu relationnel… Ce qui n’empêche pas la réalité du phénomène hypnotique – car on peut entrer en transe pour faire plaisir à son thérapeute, mais on ne stoppe pas une phobie ou on n’a pas une anesthésie « pour lui faire plaisir ». Ces choses sont incontrôlables.

Donc, beaucoup de paramètres entrent en compte lorsqu’une personne accepte de se laisser aller « en hypnose » (dissociante, donc avec perte de contrôle, automatismes, etc.)… ce qui n’empêche pas que la mécanique de base reste la même : si je pars en imagination, dans « un autre monde », un « souvenir agréable », pour quelque raison que ce soit, même pas réaction sociale, bref dès que je suis « ailleurs »… il y a dissociation.

C’est bon, tout le monde a compris que la dissociation est à la base de l’état d’hypnose, tel qu’on le connait depuis des siècles ? Alors…

EN PRATIQUE
Le fait qu’une personne en état d’hypnose soit dissociée psychologiquement fait partie de la structure même des processus hypnotiques, et cela dès l’induction de la transe.
On sait qu’il faut amener la personne « en hypnose », donc « dissociée », que ce soit par des suggestions directes, plus ou moins douces, type Hypnose Classique, ou même par « interruption de pattern » (un choc amenant à la perte de conscience) comme dans ses vidéos d’hypnose instantanée que vous trouvez à foison sur internet, ou bien encore par les méthodes indirectes d’Erickson (ennui, saturation, double-liens, etc.) ou les techniques plus douces de langage de la Nouvelle Hypnose (on arrête de dire « votre main » pour parler de « la main », comme si elle était autonome)…

obeCertaines expériences montrent mieux que d’autres l’état de dissociation psychologique de la personne. Par exemple, je pratique l’écriture automatique avec une personne, de sa main droite (celle qui écrit), tandis qu’on met sa main gauche à tremper dans de l’eau glacée. La personne en état d’hypnose ne ressent pas sa main gauche… mais, sans qu’elle le sache, sa main droite écrit de manière compulsive, sur le papier : « Sortez-moi de là, sortez-moi de là, c’est froid !!! » Étonnant, n’est-ce pas ?
Hilgard et Barber ont montré plusieurs fois ce type de phénomène douloureux (d’un côté) ignoré par l’autre partie de la personne. C’est la base de l’utilisation hypnotique de la dissociation en anesthésie. J’entends par « utilisation hypnotique » le fait que l’on provoque ou accentue sciemment la dissociation naturelle.

« Quelque chose » semble exister dans la personne, sans qu’elle en soit consciente – et cela n’a rien de pathologique ou même d’anormal : c’est l’Inconscient qui se manifeste, l’immense part de vous-même dont vous n’êtes pas conscient, mais qui détermine la quasi-totalité de vos actes, émotions et pensées…

Rappel technique
Les apprentis hypnothérapeutes apprennent dès leur première semaine de formation à distinguer deux choses différentes, malheureusement décrites en français avec le même mot : « dissociation » ! Ce qui prête bien évidemment à confusion…

  • La dissociation hypnotique : c’est l’état psychologique normal d’une personne en hypnose. Comme le disent bien les expressions populaires : elle est dans un « état second », « dans la lune », « dans les nuages », « ailleurs ». L’Inconscient a pris le pas sur le Conscient et, comme le rappelle Wikipedia de manière quelque peu pittoresque, la personne expérimente alors « un dédoublement, le vécu d’une division ou multiplication de personnalité (corps/âme, esprit propre/esprit étranger), ensuite un automatisme psychologique, l’impression de subir certains phénomènes psychiques. » (Riffard, 2008)
  • La dissociation PNL : qui existait bien sûr longtemps avant ladite PNL, mais cela permet de la nommer. C’est simplement le fait d’être soit acteur, soit spectateur de l’expérience. Ainsi, il vaut mieux être « associé-acteur » aux bonnes choses (je vois le monde par mes yeux, je vis les choses de l’intérieur, acteur) et « dissocié-spectateur » des mauvaises (je me vois, je suis spectateur, je me détache des choses pour ne plus, ou moins, les ressentir).
    De fait, les enfants victimes de maltraitance (battus et/ou violés) racontent vivre la scène « depuis le ciel », avec détachement : en fait, leur esprit se protège de l’horreur de la situation en fuyant… Idem pour les personnes traumatisées (accident, etc.).
    La dissociation, lorsqu’elle est accentuée en hypnose, est utile pour créer de l’anesthésie ou amoindrir le vécu d’un traumatisme, le temps qu’on le traite.

Puisque cette homonymie (« dissocié-l’état » et « dissocié-l’action ») est à l’origine de bien des confusions, je propose de rebaptiser la dissociation PNL, afin qu’elle ne soit plus confondue avec l’état de conscience de la personne en hypnose :

  • Associé = acteur de l’expérience
  • Dissocié = spectateur de l’expérience

Et là, tout devient plus compréhensible !
On aura donc maintenant, d’une part :

  • Associé : l’état habituel de conscience
  • Dissocié : l’état d’hypnose

Et d’autre part :

  • Acteur (« associé » PNL) :
  • Spectateur (« dissocié » PNL) :

On peut donc vivre 4 types d’expérience :

Hors hypnose

  1. Associé/Acteur : Je suis tout à fait conscient et je vis pleinement une expérience (mon esprit est dans son état ordinaire et je participe à ce que je vis).
  2. Associé/Spectateur : Je suis tout à fait conscient et je vis une situation avec détachement, avec du recul, en l’analysant mentalement, etc. Je peux être comme ça en permanence, dans la vie de tous les jours, car c’est mon tempérament de prendre les choses avec recul, de les analyser plutôt que de les vivre…

En hypnose dissociante

  1. Dissocié/Acteur : Je suis en transe hypnotique (conscient et inconscient sont séparés) et je vis pleinement une expérience, un souvenir, etc. Je suis dans mon rêve, mon imaginaire, dans un souvenir agréable ou bien encore je vis une abréaction (les émotions d’une mauvaise expérience)… Je ne suis « plus là » (dissocié), je suis « ailleurs » (acteur).
  2. Dissocié/Dissocié : Je suis en transe hypnotique (conscient et inconscient séparés) et je vis une situation avec détachement, avec du recul, en l’analysant mentalement, etc. Par exemple, pour mieux comprendre une scène ou parce qu’elle est trop pleine d’émotions et que je ne peux pas la vivre en tant qu’acteur (car cela me protège de rester loin). Je ne suis « plus là » (dissocié) et je pense ou j’observe mentalement une scène (spectateur).

La personne en état d’Hypnose expérimente un plus grand écart entre son esprit conscient et son Inconscient (« dissociation »), ce qui permet à ce dernier d’être plus prégnant et qui ouvre la possibilité de créer des « phénomènes hypnotiques », impossibles à provoquer volontairement (consciemment) par la personne.

Par ailleurs, dans cet état d’hypnose, la personne (« dissociée », « en esprit ») peut très bien vivre de manière « physique » un souvenir (y être « associée », « actrice »), comme en être l’observatrice détachée (« dissociée », « spectatrice »).
Cela n’a rien à voir avec le fait d’être ou non en état d’hypnose (d’avoir son esprit conscient davantage séparé de son inconscient).

ET EN HYPNOSE ASSOCIANTE ?
connexionComment ça, une « hypnose associante » ?? Cela existe, ça ??
Après plus d’un siècle de recherches, de théories et de congrès, des milliers d’articles publiés, des dizaines et dizaines de livres spécialisés… vous comprenez mieux le trouble occasionné par l’arrivée de l’Hypnose Humaniste, une technique capable d’amener la personne à générer les phénomènes connus de l’Hypnose, anesthésies y compris… mais sans dissociation hypnotique ! Pas de séparation entre le Conscient et l’Inconscient – et même mieux : l’accès à une plus grande Conscience, à laquelle, pour l’occasion, on ajoute une majuscule, pour la distinguer de l’esprit conscient ordinaire…

  • Le cerveau en hypnose dissociante vogue dans les différents rythmes cérébraux : « alpha » (relaxation), « teta » (sommeil léger), voire « delta » occasionnellement (sommeil profond)… donc en-dessous de l’état ordinaire, qui est nommé « beta ».
  • Le cerveau en hypnose associante se projette en ondes « gamma » (tâches de traitement cognitif élevé, états d’apprentissage, acquisition de nouvelles informations, création de liens, états de bonheur, phases de sommeil REM, etc.), donc les mêmes rythmes que lors des états de grande attention, de concentration, voire d’hyperactivité !… Alors que la personne est visiblement calme et tranquille, souvent même « en vacuité » (arrêt des pensées venant du mental).

Dans cette forme d’hypnose associante, dite « humaniste », plus de perte de conscience ni de perte de contrôle, mais au contraire une augmentation des capacités cognitivo-sensorielles – et ce ne serait d’ailleurs pas possible autrement, car c’est précisément cette augmentation de conscience qui engendre l’état de conscience augmentée de l’Hypnose Humaniste.

L’Hypnose Humaniste offre ainsi à la personne d’être « associée » (conscient-inconscient), mais bien davantage qu’à l’ordinaire, comme si « conscient & inconscient » avait diminué ou résorbé leur fracture ancestrale… Comme si, même, la personne pouvait gagner en conscience, à un autre niveau, transcendantal : la fameuse « Conscience majuscule » que tout un chacun a déjà expérimenté, les jours où tout semble bien aller, lorsqu’on est amoureux, que tout pétille, que l’air est plus transparent et les couleurs plus vives, quand on a plein d’idées, des révélations (prises de… conscience !), etc.

Mettons l’état Associé amélioré (conscient-inconscient) en violet, la couleur de l’esprit. Ce qui nous donne deux nouvelles possibilités :

En hypnose associante

  1. Associé/Acteur Je suis en transe hypnotique, bien connecté à moi-même, corps-esprit, conscient-inconscient (« associé » et, ici, même davantage) et je vis pleinement une expérience, comme si j’avais conscience de ce qui autrefois était caché, au fond de moi, et cela de manière sensible, physique (« acteur »).
  2. Associé/Spectateur : Je suis en transe hypnotique (« associé ») et je prends du recul, j’observe un phénomène de loin ou je l’analyse mentalement, etc. Cela me permet de prendre conscience d’éléments qui auraient pu m’échapper dans le feu de l’action…
    Je garde donc et augmente même mon unité psychique, mais je prends du recul sur une chose ou, simplement, je la visualise devant moi. Cela n’a rien à voir avec le fait d’être « dissocié » (la forme d’hypnose), d’être « coupé en deux à l’intérieur » (conscient/Inconscient)…

Comme aiment à le dire les journalistes qui découvrent l’Hypnose Humaniste, toujours à la recherche du bon mot, de la phrase que l’on mémorisera : « C’est un peu avoir le beurre et l’argent du beurre », les avantages de l’Hypnose sans les inconvénients et les éventuels risques psychologiques de la dissociation (chez les personnes fragiles).

Notez quand même que ce n’est pas parce que cette hypnose possède ces caractéristiques (« associées ») qu’on la qualifiera de « meilleure », plus « spirituelle » ou autre sornettes que l’on lit parfois sur Internet : si elle vous plait, tant mieux. Si vous préférez le lâcher-prise, tant mieux ! Du moment où vous faites ce que vous aimez.

L’Hypnose Humaniste est juste une autre manière de pratiquer l’hypnose, de se soigner, de se découvrir soi-même et de vivre au mieux possible. Elle s’adapte à toutes personnes, tout comme n’importe quelle forme de psychothérapie, au caractère ou aux convictions de chacun, à sa manière d’appréhender le monde, etc.

La place n’est pas ici de présenter cette pratique. Vous pourrez vous reporter, si vous le souhaitez, au site internet de l’Hypnose Humaniste (articles, questions-réponses, etc.). |Formation en Hypnose Humaniste]

En attendant, j’espère avoir éclairci pour vous ce qu’est la dissociation en Hypnose, et l’imbroglio compréhensible chez les débutants (et autres !) entre les homonymes : dissociation hypnotique (l’état d’esprit, entier ou coupé en deux) et dissociation PNL (la position de perception : acteur ou spectateur).

~oOo~

A lire en complément :
Trois points pour reconnaitre une séance d’Hypnose Humaniste

10 réflexions au sujet de « Hypnose & Dissociation »

  1. Merci beaucoup pour cet article très intéressant et très éclairant ! Je suis sophrologue et actuellement en formation Hypnose et j’avais besoin de mieux comprendre, plus en profondeur, ce terme de dissociation. Et bien faire la différence entre les différentes techniques.

  2. Merci Olivier pour cet excellent article!
    A la suite de la lecture, une phrase est restée en suspens : comment se sert-on de l’écriture automatique sous hypnose? Dans quelles circonstances? A réaliser sous hypnose Eriksonienne? La technique n’a pas été traitée pendant la formation…. merci Olivier de répondre à ma curiosité … et bonnes vacances!!!!

    • Chère Marylène, merci pour votre message. En ce qui concerne l’écriture automatique, c’est un phénomène connu de l’Hypnose Classique, utilisé aussi en Ericksonienne ou en Nouvelle Hypnose (en fait, c’est une sorte de « super-signaling »). Je ne sais pas où vous en êtes de votre formation. On apprend cela en Hypnose Ericksonienne / Nouvelle Hypnose, et au niveau « Praticien 2″…

        • La question serait plutôt : « Comment rester en dissociation hypnotique ? ». Puisque votre esprit est déjà naturellement composé d’une partie profonde, inconsciente, et d’une autre partie de surface, consciente, vous êtes en permanence « dissocié »… L’Hypnose habituelle ne fait qu’accentuer cet état naturel, qui se dissipe de lui-même en 20 minutes en moyenne selon les personnes. Donc, si l’hypnothérapeute cesse de vous maintenir en état d’hypnose, vous en sortez tout seul. Il n’y a rien à faire de spécial. Même si l’hypnothérapeute s’en allait (ce qui a été montré par des expériences), les gens sortent tout seuls de l’hypnose.

          Si la personne est en permanence dans une dissociation exagérée, qui ne lui permet plus d’être fonctionnelle (de vivre normalement), là ce n’est pas normal, et cela n’a rien à voir du tout avec l’hypnose. C’est un trouble qu’il faut faire vérifier à un médecin spécialisé.

  3. Témoignage : une séance d’hypnose ericksonnienne et une séance d’hypnose humaniste :

    Une séance d’hypnose ericksonnienne

    Je les préfère le matin, quand je suis réveillée mais que mon mental ne s’est pas trop déjà « mis en route ».

    Je m’installe bien confortablement, en ayant pris soin de pouvoir caler ma tête car cela peut être fort désagréable d’avoir le cou en arrière ou la tête qui penche d’un côté dans le vide..

    Et le thérapeute commence à me parler ; au début, j’écoute tout ce qu’il me dit, faisant attention à chaque mot… puis, la porte d’entrée à mon lâcher prise, c’est quand il place les « fusibles ».. là, je me dis « c’est bon, tu es en sécurité » ; alors je continue à l’écouter tout en commençant à penser à autre chose, puis de moins en moins je pense… il raconte une histoire je crois, j’entends quelques mots puis… je ne sais plus, peut-être que je continue à penser à autre chose, peut-être que je suis presque endormie, je ne fais plus attention (consciemment) à ce qu’il dit, alors même que j’entends tout, et je le laisse faire, je me laisse faire… je ne sais plus ce qu’il dit, je ne peux même pas dire ce que moi je fais, cela dure un moment, je ne sais pas combien de temps… et à un moment, il me « ramène », ici, maintenant et je me sens comme dans une douce torpeur, comme si je sors d’un état de relaxation intense et après quelques minutes, je suis réorientée, calme, très calme et je reprends le cours de ma vie.

    Les fruits de ce qui s’est passé dans la séance, je m’en aperçois en faisant des constats, en vivant certaines situations et, après-coup, en me disant « tiens, cela ne m’a pas fait comme d’habitude, réaction, action, sentiment différents et là je me dis, c’est bon, la séance a été bénéfique, productive… et je me dis aussi « wahou ! C’est puissant quand-même ! ».

    Une séance d’hypnose humaniste

    Comme en hypnose ericksonnienne (ou nouvelle hypnose), je ferme les yeux, cette fois, c’est pour y voir plus clair, paradoxe en ayant les yeux fermés, tellement vrai cependant. Le thérapeute-guide me parle, je dirais plutôt m’accompagne dans l’expansion de la perception de ce qui m’entoure, dans la pièce dans laquelle je me trouve tout d’abord, puis en dehors de cette pièce et « je monte » ou « je m’étends », alors même que je sais, que je sens que je suis sur mon fauteuil, dans la pièce.. petit à petit je « vois », je « ressens » plus de choses, je peux être sur la planète ou plus encore nulle part, parfois dans le Tout : nulle part et partout à la fois, calme, et le « soin » commence, et j’en suis l’actrice, j’en ai le rôle principal et le thérapeute-assistant-réalisateur me questionne de temps en temps et je lui dis, où je suis, ce que je fais, parfois il me réoriente, quand je prends une « fausse voie », comme un leurre… et je continue à « vivre » mon expérience, cela se fait naturellement, je ne pense plus ou presque plus ?, j’agis, en conscience, et parfois j’accompagne ce que je vis avec des gestes, souvent une ou des émotions me gagnent, émotions inattendues qui se libèrent… et provoquent parfois une association d’idée, une « prise de conscience » et le soin continue, jusqu’à ce que je l’ai fini, c’est effectivement moi qui « fais » et le thérapeute suit ma progression, toujours en me demandant où j’en suis, ce que je fais, en me laissant faire. Et quand j’ai fini, le thérapeute m’invite à ouvrir les yeux, dans la lumière, je les ouvre et je suis là, dans la pièce, forte d’un beau « voyage », prête à continuer ma vie, tout de suite, avec entrain.

    Les bienfaits d’une séance d’hypnose humaniste, pour moi, sont plus globaux, généraux que ceux d’une séance d’hypnose ericksonnienne : ils améliorent nettement un « état d’être » général, spécialement les séances travaillant sur les archétypes : deuil, enfant intérieur, critique, masculin-féminin.. l’hypnose humaniste me procure à la fois une ouverture, comme une expansion-réalisation de moi-même et une paix intérieure et je remarque que maintenant je souris, de plus en plus, à la vie, à ce qui m’entoure, j’ai « la banane » comme on dit et je remarque aussi que… c’est contagieux et ça rayonne aussi autour de moi, les personnes qui m’entourent « changent ? » aussi ou du moins se laissent gagner par ce rayonnement et tout est plus simple, plus facile, plus… heureux.

    Alors, Merci, au créateur de cette forme d’hypnose, au thérapeute qui m’accompagne et à la Vie qui me permet d’être là et qui je suis maintenant, et je termine en disant que maintenant, ce n’est plus le temps qui me traverse, c’est moi qui marche sur le chemin du temps..

  4. Quel talent! J’ai toujours besoin de cette culture qui conduit en même temps qu’apprendre à trouver le sujet clarifié. On retient mieux ce qu’on a compris que ce qu’on a appris n’est ce pas… Et je suis bien d’accord sur la recherche des origines des valeurs présentées. Les cheminements, les évolutions, ne sont pas sans magie et sans théorie et histoire. Merci pour cet article précieux , comme tant d’autres…

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