Hypnose & Psychologie ?

Vous connaissez peut-être ce mot d’Ernest Rossi qui dit que « Nul ne devrait pratiquer l’Hypnose thérapeutique s’il n’est pas déjà thérapeute » ? Aujourd’hui, de plus en plus de personnes cherchent à se former en psychothérapie, et notamment en Hypnose, dans le but de s’installer en tant qu’hypnothérapeute… Bien évidemment, cette citation de l’homme qui a également affirmé que l’Hypnose « n’a pas à être réservée à un groupe professionnel particulier » n’arrange pas tout le monde ! Il faut seulement bien la comprendre.

L’Hypnose moderne, celle de la thérapie brève, utilisée en thérapie et en coaching, s’est historiquement construite sur le refus de la psychanalyse et, par extension, de la psychologie.
Milton Erickson, pourtant psychiatre et docteur en psychologie, disait le plus grand mal des théories psychologiques. C’est ce qui a contribuait à la particularité de son approche – mais à force de clamer « Faites confiance à votre Inconscient », n’y-a-t-il pas un risque d’ouvrir la porte à l’incompétence en thérapie ?

Connaître et comprendre l’Inconscient
cerveauLes psy « traditionnels » : psychologues, psychiatres, psychanalystes, n’apprécient pas beaucoup l’Hypnose. Pourquoi ? Tout simplement parce que les praticiens de l’Hypnose n’ont pas toujours leur niveau de formation ou leurs connaissances en psychologie, et les hypnothérapeutes leur semblent « bidouiller » le cerveau de leurs patients « au petit bonheur la chance » !
Ce n’est heureusement pas entièrement vrai, mais pas entièrement faux non plus… Explications : lorsque vous vous formez aux techniques modernes de thérapie brève, comme la Gestalt, l’AT, la PNL ou l’Hypnose, les mécanismes du fonctionnement profond de l’Inconscient sont très peu, voire pas du tout abordés. Par exemple, en Hypnose Ericksonienne, on va parler du fonctionnement de l’Inconscient, de ses différentes strates, de quelques-unes de ses caractéristiques, et du rôle de l’Inconscient d’après Erickson, mais cela reste très superficiel : « il ne comprend pas la négation », « il est littéral », « son fonctionnement est simple et enfantin », « il privilégie la communication symbolique »… Et c’est tout.
Bien d’autres thérapies n’abordent même pas ces fonctions mécaniques de l’Inconscient – qui restent inconnues aux praticiens nouvellement formés.

Il y a là de quoi effrayer le psychiatre qui a étudié le cerveau durant des années et connaît sa psychopathologie par cœur ! Et que dire du psychologue ou du psychanalyste qui a passé des années à faire connaissance avec son propre Inconscient, pour en comprendre les rouages les plus intimes ?… Quelqu’un qui se permettrait de modifier ces profonds mécanismes psychologiques sans les connaître ni même les comprendre passe forcément pour « dangereux ».

L’Hypnose est un outil sécurisé
A l’insigne des thérapeutes cognitivo-comportementalistes, pour qui l’Inconscient n’est qu’une « boîte noire » dans laquelle nous n’avons rien à faire, seulement nous en servir pour « reprogrammer » les réactions conditionnées, les premiers hypnothérapeutes pensaient que la suggestion hypnotique était une sorte de médicament psychologique. Qu’il suffisait de mettre la personne dans un état de réceptivité, grâce à l’Hypnose donc, puis de lui administrer les suggestions voulues pour obtenir la guérison (Bernheim)… Ce n’est malheureusement pas si simple, et ce type de procédé s’est révélé limité.

La révolution thérapeutique vint de Milton Erickson, le psychiatre américain qui donna son nom à l’Hypnose Ericksonienne. Les fondateurs de la PNL ont repéré qu’il utilisait (entre autres choses) dans sa manière de parler des verbes et des mots « non-spécifiques ».
La Nouvelle Hypnose a récupéré ces particularités pour en faire un tout nouveau langage hypnotique : des phrases entières qui pouvaient être différemment comprises selon les individus : « Je sais qu’il y a, là maintenant, en vous, un sentiment qui revient sans cesse, depuis longtemps maintenant… Et quelque chose en vous, vous le ressentez peut-être déjà, intimement, possède la réponse à cette pensée insistante… D’ailleurs, la vie vient vous le rappeler sans cesse, n’est-ce pas ? Ces hasards qui n’en sont évidemment pas… Alors, il est temps aujourd’hui de libérer cette réponse qui insiste en vous… Simplement laisser faire ce qui, tout au fond de vous, connait la réponse… Et juste, peut-être, être curieux(se) de découvrir les petits détails, dans les minutes et même les jours qui viennent, qui trahissent que… ça y est ! C’est en route… Quelque chose en vous change enfin… Et d’ailleurs, qui pensez-vous de votre entourage qui s’en rendra compte le premier, hein ? »

Ce genre de phrases résonne dans la personne, qui y attribue un sens tout personnel, y trouve des références à son vécu immédiat et même lointain – et pense donc incidemment que le thérapeute « sait » ce qui se passe en elle, et peut comme « ordonner » à ses forces inconscientes d’entrer en œuvre pour l’aider à changer. Ce qui est à moitié vrai, car bien sûr l’hypnothérapeute ne peut pas connaître ce qui se passe dans l’Inconscient de la personne, bien qu’il puisse en saisir les signes d’activité extérieurs ; mais, grâce à ce langage non-spécifique, il peut réellement demander à l’Inconscient de « faire ce qu’il faut pour que cela change » (quoi ? Il n’en sait rien, pas plus que comment, où et quand).
L’Inconscient se sentant compris va déclencher ses mécanismes de restructuration et de changement, sans que personne, ni le patient ni le thérapeute, n’ait besoin de savoir de quoi il s’agit.

C’est la magie de l’Hypnose Ericksonienne et de la Nouvelle Hypnose, qui a perfectionné ce langage (saupoudrage, métaphores, etc.), et qui permet de travailler avec l’Inconscient sans risque et avec, au contraire, beaucoup d’efficacité et de succès thérapeutique.

Deux grandes familles de problèmes
Sachant comment fonctionne l’Hypnose thérapeutique moderne, on comprend mieux pourquoi et comment il est possible d’obtenir tant de bons résultats avec une formation psychologique relativement courte (voire, dans certaines écoles, inexistante).
Le thérapeute a besoin d’être neutre par rapport à son patient, ceci afin de ne pas introduire involontairement dans la thérapie des phénomènes parasites. Par exemple : le thérapeute nerveux induit son stress à son patient, involontairement, puis tâche de soigner chez ce dernier un stress qui ne lui appartient pas !
Sur la base de cette saine neutralité, et avec l’aide d’une intention bienveillante, le désir d’aider, le « rapport » s’établit entre le patient et son thérapeute – « rapport » subliminal qui va faciliter l’intuition du thérapeute et le guider dans le choix des « bons mots », des « mots justes », susceptibles de potentialiser le travail hypnothérapeutique.

Il n’en reste pas moins que seule une partie des problèmes amenés en thérapie peuvent être ainsi travaillés et réglés (pour plus de détails, lisez l’article sur l’Hypnose en tant que Thérapie Brève). Dans bien des cas, la thérapie nécessitera que la personne ait conscience des processus inconscients qui la font déraper dans la souffrance. On entrera alors dans une quête de sens, un enchaînement salvateur de prises de conscience. On entre alors dans le domaine de l’Hypnose Humaniste et de la Psychanalyse, en particulier l’approche jungienne, similaire en bien des points à l’approche humaniste (TSA, de Patricia d’Angeli).

Pour les cas existentiels, lié à l’éducation, à l’histoire de vie de la personne, à « ce qu’elle est », le thérapeute aura besoin d’une grande connaissance des ressorts cachés, profonds et souvent systémiques de l’Inconscient, des archétypes, de ses blessures et des réactions que l’on peut avoir par rapport à tout ça…
Les thérapeutes traditionnels et les psychologues qui travaillent sur de tels problèmes et qui pensent que l’Hypnose Ericksonienne ou la Nouvelle Hypnose traitent ces situations de fond se trompent : il est impossible d’aider une personne à changer à ce point par le seul usage de la thérapie Ericksonienne ou de la Thérapie Brève en général.
Voilà pourquoi l’approche éricksonienne paraît « dangereuse » à ces psychologues ou psychanalystes : qu’ils se rassurent ! Il y a vraiment deux grands domaines thérapeutiques : celui des problèmes structurels, que l’on peut traiter en quelques séances, et celui des problèmes de fond, qui nécessitent maturation et prises de conscience de la part de la personne. Seuls les premiers sont traités en thérapie brève, donc en Hypnose Ericksonienne ou Nouvelle.
Si on doit prendre en charge des cas profonds en Hypnose, alors on se dirigera vers l’Hypnose Humaniste qui inclut, elle, l’étude approfondie de l’Inconscient, de ses mécanismes, des archétypes, des blessures, etc.

A chaque cas, sa thérapie
L’Hypnose thérapeutique habituelle est formidable pour traiter les problèmes structurels : mon système psychologique est sain, tout va bien, sauf que je suis passé trop près de ce buisson d’épine, et je me suis piqué ! J’ai une épine, plantée en moi… L’Hypnose Ericksonienne ou la Nouvelle Hypnose vont permettre au thérapeute de plonger au cœur de l’Inconscient, de repérer l’épine et d’instruire l’Inconscient sur les moyens de retirer cette épine.
On pourrait éventuellement le faire aussi en Thérapie Brève, comme on l’apprend durant le Maître-Praticien en Hypnose Ericksonienne, grâce à des prescriptions thérapeutiques (thérapie stratégique). Inutile de connaître le « pourquoi » de cette blessure à l’âme ; « comment » retirer l’épine est tout ce qui nous intéresse. Nul besoin, pour ces cas mécaniques (phobie, arrêt du tabac, compulsion, etc.), de grandes connaissances en psychologie des profondeurs, en psychopathologie, etc.
Beaucoup de thérapeutes, même débutants, peuvent ainsi faire beaucoup de bien autour d’eux, grâce à l’application de techniques simples et sécurisées, pour peu qu’ils aient un bon niveau et la capacité émotionnelle à rester neutre durant l’intervention, à laisser l’Inconscient de la personne trouver et mettre en place ses solutions, sans interférence.

Maintenant, il est évident qu’une telle thérapie brève serait incapable d’aider une personne souffrant de problèmes existentiels : qui prennent leur source dans les racines mêmes de l’existence de la personne. Ici, on aura besoin de « conscience », de « prendre conscience », même. De comprendre et de grandir.
Le thérapeute aussi souvent à démêler un labyrinthe complexe de ramifications inconscientes. La souffrance de la personne sera d’ailleurs plus profonde, plus enracinée en elle, comme constitutive…

On n’aura pas devant nous une personne lumineuse qui aurait ponctuellement un problème à résoudre : réaction inappropriée de son inconscient, cause d’ulcère, d’eczéma, d’ongles rongés ou de pipi au lit… Non, la personne aura grandi dans un tel cadre que son Inconscient produit désormais par lui-même les épines qui  blessent la personne : cancer, dépression, couples qui cassent à répétition, tendances suicidaires, etc. Retirer les épines serait sans fin, car elles ne viennent pas d’un accident isolé, mais de la personne elle-même. Ce n’est pas seulement un rouage de l’Inconscient qu’il s’agit de modifier ou rediriger ; c’est « toute la personne », son caractère, ce qu’elle est, qui doit évoluer, changer, grandir…

Ce n’est plus de la thérapie dans le sens où l’entendrait le thérapeute-débutant ou le praticien de Thérapie Brève. C’est de la psychothérapie, ce qui inclut une part d’évolution personnelle. Les principes et les outils sont très différents, l’analyse et la compréhension, le sens des choses, les prises de conscience sont indispensables pour un réel changement. Et la maturité que cela présume ne s’acquière pas en quelques semaines : cela nécessite des mois, voire des années…

Thérapie & Psychothérapie
cheminOn comprends donc qu’il existe 2 types de thérapie, et donc 2 type de thérapeutes. Les spécialistes de la Thérapie Brève ont besoin de moins de formation psychologique et de travail sur eux que les spécialistes du changement profond, existentiel. Les deux mondes sont parallèles mais différents.

On pourrait ainsi imaginer qu’un hypnothérapeute éricksonien se cantonnera à ce qu’il a appris à faire : traiter des problèmes structurels, et qu’il orientera ses patients vers d’autres thérapeutes, plus formés que lui dans le domaine de l’Inconscient profond et ses mécanismes, dès lors qu’il soupçonnera la nécessité d’un travail de fond. L’idéal étant bien sûr un travail de concert, de ses deux formes de spécialités.

Ainsi, il est possible d’aider son prochain avec les outils et connaissances que proposent les formations actuelles en thérapies brèves, comme l’Hypnose Ericksonienne et la Nouvelle Hypnose – et ceux qui souhaitent se spécialiser dans le travail de fond pourront prolonger leur travail sur eux et se former en Hypnose Humaniste et, si ce n’est pas déjà fait, en psychopathologie et en psychologie des profondeurs (symbologie, archétypes, mythologie, rêves), notamment, pour rester dans le domaine hypnotique, la psychologie Jungienne.

Bien sûr, qui peut le moins peut le plus : ces psychothérapeutes de l’Hypnose sont alors aussi très capables de traiter des soucis seulement structurels.

Chacun restant dans son domaine de compétence, et en relation avec chaque autre spécialiste, il sera possible d’aider aux mieux les personnes en demande d’aide.

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A lire en complément :
– Thérapie & Psychothérapie ?
Hypnose : Ericksonienne ou Humaniste ?

Une réflexion au sujet de « Hypnose & Psychologie ? »

  1. bonjour à vous Oliver, bravo pour votre initiative d’offrir de l’hypnose mp3 gratuite. je les aie tous téléchargés. J’ai connu avec mon neuro psychologue l’an passé. je suis assez ouverte à ces techniques mais c’est davantage grâce à l’écoute de vos mp3 que mon cheminement personnel c’est fait. j’avais beaucoup de difficulté à me laisser aller avec mon inconscient et tout ce patatla. Votre voix si douce; la musique; votre technique d’approche, wowow bravo. cette semaine j’ai dû travailler avec mon inconscient. avant que vous disiez qu’Il n’avait qu’environ 4-5 ans d’âge mental, je venais juste de rencontrer et d’essayer d’apprivoiser un petit lapin brun. c’était mon inconscient….trop chou… 🙂 bravo pour cette article il m’aide à comprendre encore plus. je continue ma quète du changement. Merci Olivier

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